L’évêque-historien Grégoire de Tours (544–595) nous apprend qu’à l’époque mérovingienne (VIe siècle), une basilique dédiée à Saint Laurent se trouvait sur l’axe nord-sud conduisant de Lutèce à Senlis. Saint Domnole, mort évêque du Mans en 581, était, sous le règne de Clotaire 1er, à la tête d’un couvent de moines dans la basilique Saint Laurent. Surélevé par rapport au lit de la Seine et à l’abri de ses caprices, ce site portait une église, un monastère et des jardins maraîchers.
Les invasions normandes (Lutèce est assiégée en 885) se traduisent par des pillages et des destructions qui nécessitent au XIIème siècle, la reconstruction de l’église Saint-Laurent, érigée en paroisse dès 1180.
Face à l’accroissement de la population, l’église fut reconstruite au cours du premier quart du XVème siècle. De l’église précédente, seule avait été conservée l’ancienne tour. Le 19 juin 1429, le chœur et le déambulatoire furent consacrés par Jacques du Chastelier. Il y fut ajouté, dans la seconde moitié de ce siècle et au début du XVIe siècle, six chapelles, le transept et une nef à quatre travées, voûtée de 1656 à 1659, épaulée par des arc-boutants extérieurs et fermée par une façade de style “Jésuite” à deux étages avec pilastres doriques et ioniques, dont la première pierre fut posée en 1621.
L’église compte parmi ses paroissiens Saint Vincent de Paul et, en 1641, sainte Louise de Marillac. En 1660 Louise de Marillac est enterrée à Saint Laurent. Sa tombe reste dans l’église jusqu’en 1755.
En 1712, le chevet de l’église fut prolongé d’une chapelle axiale en forme de rotonde et coiffée d’une coupole. En1789, dès le début de la Révolution, l’église est dévastée par les émeutiers,. Elle deviendra “Temple de la Raison” en 1793, puis de l’Hymen et de la Fidélité, enfin “Temple de la Vieillesse en 1798 pour être rendu en 1802 au culte catholique et on recrée un mobilier liturgique.
Pour donner à l’église de plus vastes dimensions, la façade classique de 1621 fut remplacée, de 1862 à 1865, sous Napoléon III, par un fronton gothique dû à l’architecte Constant-Dufeux. Placé en avant du précédent, il fut raccordé à la nef par une travée supplémentaire. Une église qui a traversé l ‘histoire et qui aujourd’hui, au croisement des Gares du Nord et de l’Est et le Boulevard Magenta, continue à ouvrir ses portes.
Les grandes dates
52 Quand Paris s’appelait Lutèce, les Romains s’installent et construisent un axe routier dallé Nord-Sud dont la trace rectiligne s’est conservée jusqu’à aujourd’hui avec l’alignement des rues St Jacques et St Martin, et, au-delà, la rue du Faubourg St Jacques au sud et celle du Faubourg St Martin au nord. Vers le nord, cet axe conduisait à Senlis et à Trèves, vers le sud, à Orléans.
511 Clotaire I, fils de Clovis, régnera jusqu’en 561. C’est dans cette période que Domnole est Abbé d’un couvent de moines installé dans une basilique Saint-Laurent à l’emplacement de l’église actuelle. Conseiller de Clotaire, il mourra évêque du Mans en 543.
885 Les Normands assiègent Paris. Tout autour, ce n’est que pillages et destructions. L’église et le monastère sont dévastés.
1180 Une église Saint-Laurent est attestée. Elle est érigée en paroisse.
1429 Trop petite, cette église est entièrement reconstruite en style gothique flamboyant. Le chœur et le déambulatoire sont consacrés le 19 juin 1429.
1548–1596 Construction de la nef, des bas-côtés, et de six chapelles dans le même style. L’église n’est toujours pas voûtée.
1632 Saint Vincent de Paul et, en 1641 sainte Louise de Marillac sont paroissiens de Saint-Laurent.
Une visite guidée de l’église
Tous les vitraux du XXème siècle ont été réalisés par la maison GAUDIN à Paris.
Au-dessus de la porte d’entrée gauche, le vitrail (1954) relate le martyr de saint Laurent.
A côté, devant la porte du Grand Orgue, statue de sainte Apolline, par BOUGRON (1825).Dans la première chapelle, le premier vitrail (1955) est dédié à Notre-Dame de Lourdes.
Le deuxième vitrail (1875) rappelle la fondation des “Filles de la Charité” par saint Vincent de Paul. Un tableau par MAILLARD (1922) au-dessus de l’autel représente saint Louis de Marillac.
C’est dans la chapelle suivante, jadis de la Visitation, aujourd’hui de saint François de Sales (vitrail : 1887), que Louise de Marillac fut enterrée.
La grande chapelle avant le transept est consacrée au Sacré Cœur de Jésus avec deux vitraux (1953) sur la Passion et l’Eucharistie. Et, dans le passage, la pietà (1879) au dos de la Grande Croix (1862) qui fait face à la chaire : statue de saint Laurent (1872).
La chapelle du transept est celle du martyr de saint Laurent. Tableau par Louis BOULANGER (1856).
Rejoignez le centre de la nef pour voir le chœur et ses vitraux : le Christ entouré de saint Laurent et de sainte Apolline (1932) ; saint Domnole, sainte Philomène, saint Paul et les quatre auteurs des épîtres catholiques (1847).
Dans le déambulatoire, avant d’arriver à la chapelle Notre Dame des Malades, remarquez le groupe sculpté : Marie avec Jésus adolescent par ROUBAUD (1864).
Regardez les clés de voûtes du XVème siècle.
Dans la coupole de la chapelle Notre-Dame des Malades, deux peintures (1730) d’Antoine-Denis POSTEL : le sacrifice d’Abraham et l’Assomption de la Vierge.
La statue de Notre-Dame des Malades, en marbre de Carrare, est de 1900.
En revenant côté sud, une inscriptions signale un petit bénitier venant de saint Pierre en Martinique, ville détruite par l’éruption de la Montagne Pelée.
La chapelle du transept sud est dédiée à sainte Geneviève.
Relevez la tête pour admirer les clés de voûte sculptées du transept. La Passion du Christ, dans les deux transepts. Et à la clé de voûte centrale : les passions de saint Laurent (gril) et de sainte Apolline (tenailles), soutenues par saint Jean-Baptiste annonçant la Croix de l ‘Agneau et Marie présentant Jésus au Temple.
C’est dans la chapelle de saint Joseph que vous trouverez le bureau d’accueil.
Dans la chapelle de saint Domnole (vitrail : 1835) est installée une statue de dévotion à Notre Dame de Lourdes.
La dernière chapelle est celle du baptistère avec une statue de saint Jean-Baptiste par VILLAIN (1845). Deux vitraux, l’un (1935) sur la vie de saint Vincent de Paul, l’autre (1939) sur le baptême de Clovis.
Le vitrail (1938) au-dessus de la porte relate la consécration de la France à Marie par Louis XIII.
N’oubliez pas de prendre le recul nécessaire pour voir le buffet du Grand Orgue (1682).
A l’extérieur, il faut s’attarder sur la vie de saint Laurent au tympan du grand portail (émaux sur lave, BALZE, 1870).